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"Chante la pierre"

Utopiana Genève

On appelle la musique par l’écoute. L’écoute est multiforme : écoute de la source du son, écoute de la projection du son et de ses rebonds. Mais aussi écoute d’un geste qui transforme la matière en instrument de musique. Chaque matière induit une gestuelle et un touché. Un rythme aussi. Le musicien écoute et adapte son geste, fait exister la matière par le son qu’elle contient. Le geste découle d’un rythme impulsé en même temps que la matière appelle certain rythmes. Toutefois une matière ne peut pas sonner d’elle même. C’est la rencontre des matières et des courants qui va produire un son et, à qui sait l’entendre, faire exister une musique. Explorer par une approche sonore une matière, un corps végétal ou minéral, incite à essayer, insister dans des gestuelles, tenter sous plusieurs angles rythmiques et micro-géographiques, trouver les manières gestuelles et rythmiques de faire chanter la matière, chercher ses points d’ouverture internes et des manières d’amplifier ce qu’elle contient de sons. Le tout entremêlé devient une conversation avec la matière devenue instrument de musique dont l’attention et l’intention du musicien qui joue en sont les courants.

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« Lors d’une expérimentation sonore au bord du lac en janvier 2024, rapporte le musicien, j’ai trouvé des galets, parfois sonnants. Temporairement empruntés pour créer le lithophone, ces galets seront ensuite remis à leur place naturelle. Pour jouer de manière individuelle ou collective, j’ai conçu des cartes de gestes et de rythmes. La disposition du lithophone en cercle en fait un instrument de musique uni et un espace de jeu immédiat.  Des phonolites, pierres sonnantes d’Auvergne sont invitées dans le cercle… les pierres se posent  sur des tiges de végétaux pour qu’il n’y ait pas contact avec le sol, ou se tient dans la main, ou se glisse au sol. La musique reste à jouer et la voie est libre pour la voix humaine, ainsi que la créativité sonore et graphique ! »

 

Il faut quelques minutes de jeu (puis de longues années d’entraînement…) pour apprendre à manipuler les pierres. Toma Gouband a identifié bien des manières d’amplifier naturellement leur son : creux de main, geste collectif, écho… Il nous invite à utiliser des jeux rythmiques qui nous permettront d’écouter l’environnement autrement et, de là, à inventer une musique en combinant les matières qui constituent le paysage : minéraux, bois, eau. Mine de rien, ces activités « élémentaires » soulèvent au passage quelques questions vertigineuses. Où commence la musique? Qu’est ce qu’un instrument de musique? qu’est ce qu’un musicien?

 

Les jeux lithophoniques proposés dans l’installation permanente et dans l’atelier-performance découlent de l’exploration préalable des matières caractéristiques d’une plage de galets de la Perle du Lac.

 

Les notes de Toma Gouband en gardent trace : « Galets entrechoqués, jeux sur une grande branche sèche avec des petits bâtons de plumeaux, jeux au bord de l’eau avec timbre eau/galets, recherche de pierres sonnantes ayant un son aigüe ouvert, jeux avec les pierres trouvées posées sur des tiges de plumeaux laissant le son de la pierre libre, jeux avec l’echo et avec des jets de pierre dans l’eau. Cette 2 dernières actions sont des invitations à l’observation et à l’écoute phénomenologique : le jeux avec l’écho nous fait jouer directement avec la vitesse du son, les ronds dans l’eau sont graphiquement une représentation de rencontres d’ondes : tout ceci est rythme.

 

De cette exploration j’ai glané ces quelques instruments qui sont des échantillons de ce paysage. J’y ai ajouté des minéraux d’un autre paysage : les phonolites de Bord les Orgues en Auvergne. J’utilise ces expériences en extérieurs et ces quelques récoltes d’instruments minéraux et végétaux pour composer mon set de batterie : ils contiennent des timbres et des musiques qui induisent de nouveaux gestes et par conséquents de nouvelles musiques. »

 

Et chante la pierre !

 

(Nicolas Donin, professeur de musicologie à l’université de Genève)

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